Jusqu’à il y a peu, le gel hydro-alcoolique était à l’établissement de santé, ce que le pousse-mousse est à notre salle de bain. A présent, ce produit d’hygiène, largement plébiscité par le grand public ces derniers mois, a de grandes chances de s’inscrire durablement dans nos habitudes de consommation. Qu’elle soit parfumée, collante, colorée, poisseuse, en gel ou en eau, la solution hydro-alcoolique combine utilité et efficacité. Retour sur l’histoire des mains propres !
Tout commence avec le lavage des mains…
Geste banal et évident aujourd’hui, c’est au 19ème siècle, en Hongrie, que le docteur Semmelweiss invente le lavage des mains. Pour lui, l’important taux de mortalité dans les hôpitaux à cette époque est la principal conséquence d’un manque d’hygiène. Incompris par la société scientifique de l’époque malgré les nombreuses preuves qu’il avance, il est interné et meurt sans savoir qu’il a mis le doigt sur ce qui deviendra une des plus grandes découvertes scientifiques.
En effet, il faudra attendre la découverte de la microbiologie par Pasteur pour que des pratiques d’hygiène strictes soient appliquées dans les établissements de santé. C’est également à cette époque que les populations sont sensibilisées à l’importance de l’hygiène pour être en bonne santé. Difficile à croire quand on réalise que c’était il y a 150 ans… seulement !
Et le gel hydro-alcoolique dans tout ça ?
Il y a 20 ans, le docteur Pittet, se penche sur le sujet des infections nosocomiales, autrement dit, les infections contractée dans les établissements de santé. A cette époque, les médecins n’ont que le traditionnel duo « savon/eau » pour se laver les mains. Il fallait se déplacer jusqu’au lavabo, entreprendre un lavage long et méticuleux, puis se sécher les mains. Et répéter ce processus des dizaines de fois par heure. On peut donc imaginer que cette routine, aussi importante soit-elle, n’était pas faite aussi souvent que nécessaire, par manque de temps.
Il fallait mettre au point un produit efficace, accessible et simple d’utilisation, qui agisse rapidement, et qui soit toléré par le plus grand nombre. Il s’associe alors avec le pharmacien William Griffiths avec qui il mettra au point la formule magique : un précis mélange d’eau et d’alcool !
Celui que l’on surnomme « Docteur Mains Propres » passera plusieurs années à convaincre ses confrères : ce n’est pas parce que c’est rapide et pratique que ce n’est pas efficace !
Le changement de paradigme sera finalement effectif en 2005, lorsque l’OMS confiera au docteur Pitter une vaste campagne de sensibilisation sur l’importance de l’hygiène des mains pour la santé : Clean Care is Safer Care ». Le gel hydro-alcoolique sera alors promu dans de nombreux pays du monde, et l’OMS en fera un produit de première nécessité.
Le docteur Pittet sauve donc des millions de vies depuis son invention. Mais cela n’est pas tout. Il a fait don de la formule à l’OMS. De cette manière, les entreprises privées ne peuvent plus spéculer sur le marché du gel hydro-alcoolique, et lui ne gagnera pas un centime sur ce produit de première utilité. Respect !