Qu’elles apparaissent sur le visage, les mains ou le décolleté, les taches hyperpigmentaires touchent une grande partie de la population de plus de 40 ans, et en particulier les femmes. Parfois gênantes au point de faire naître un complexe, elles peuvent être atténuées voire effacées, grâce à des traitements adaptés et à une prévention efficace.
La pigmentation est un processus de défense de notre peau contre une agression extérieure. L’hyperpigmentation est un dérèglement de ce processus naturel, déclenchant une accumulation excessive de mélanine à la surface de la peau qui se caractérise par l’apparition des taches brunes de taille variable. Cela implique une réaction en cascade qui débute au plus profond de notre épiderme, dans une cellule appelée mélanocyte. L’activation de différentes molécules qu’on appelle des enzymes (et notamment de la tyrosinase) aboutit à la synthèse de petits grains de mélanine. Ceux-ci s’accumulent et migrent dans les cellules environnantes (les kératinocytes) situées dans l’épiderme et parfois dans le derme.
Comment se développent les taches hyperpigmentaires ?
L’hyperpigmentation peut toucher tout le monde. Cependant, les femmes semblent plus sujettes à cette pathologie que les hommes. En tout cas, elles consultent davantage leur médecin à ce sujet. Et si tous les phototypes sont concernés, les peaux mates à foncées sont les plus susceptibles de voir des taches se développer.
Les facteurs favorisant l’hyperpigmentation peuvent être des facteurs physiques, tels que des frottements sur une partie du corps, des réactions post-opératoires, ou encore des facteurs exogènes (comprenez extérieurs au corps), à commencer par les rayons UV du soleil ou des réactions à des produits (comme des métaux lourds). Les taches apparaissant sur les parties du corps régulièrement exposées au soleil, elles peuvent avoir tendance à s’étendre et à se multiplier en l’absence de protection solaire efficace.
De récentes études montrent également que l’exposition à la lumière bleue pourrait favoriser l’apparition de taches hyperpigmentaires. Pas de panique cependant, si vous travaillez devant un écran toute la journée : la lumière bleue dont on parle ici est celle émise par le soleil. Celle de nos ordinateurs et smartphone ne favorise pas le processus de pigmentation.
Certaines substances, comme des parfums ou certaines molécules présents dans certains produits ou entrant dans la composition de médicaments sont photosensibilisantes et peuvent également induire une réaction de défense de la peau entraînant des taches hyperpigmentées.
Parmi les autres causes de développement de ces taches, il existe des facteurs endogènes (propre à chacun) tels que, les allergies ou encore l’eczéma, qui entraînent une inflammation de la peau. Certaines conditions hormonales (telles que la grossesse) et vasculaires sont également reconnues comme des facteurs favorisants le développement de taches hyperpigmentées lors de l’exposition solaire.
Les trois grands types de taches hyperpigmentées
Souvent appelées taches brunes, ces zones hyperpigmentées ont cependant différentes causes et prennent des formes différentes.
Le mélasma, également connu sous le nom de masque de grossesse lorsqu’il apparaît chez la femme enceinte, est en partie dû à une exposition au soleil : les taches sont bien délimitées, symétriques, et apparaissent sur le front, les pommettes, au-dessus des lèvres et sur le menton. Les peaux sujettes aux mélasmas sont, généralement, très sensibles, et la moindre exposition à la lumière du soleil peut aggraver les taches brunes, ou les faire réapparaître quand elles ont été traitées. Une haute protection aux UVA et à la lumière bleue est primordiale pour prévenir l’apparition du mélasma.
Le lentigo est, sous certaines formes, connu sous le nom de tache de vieillesse ou tache de soleil. Il est généralement lié à de forts coups de soleil. Ces taches sont reconnaissables à leur petite taille et leur couleur uniforme, beige à marron, qui ont tendance à brunir avec le temps. Elles apparaissent généralement sur le visage, le dos des mains, les épaules ou le décolleté.
La PIH ou Hyperpigmentation Post-Inflammatoire est une séquelle fréquente des dermatoses inflammatoires telles que l’acné, l’eczéma ou les cicatrices. Leur apparition est généralement aggravée par l’exposition au soleil, mais elles peuvent également apparaître suite à un traitement au laser. Ces taches apparaissent à l’endroit de l’inflammation initiale, et peuvent prendre une teinte rouge, pourpre, brune ou bleuâtre en fonction de la couleur de peau.
Lorsque les taches brunes nous complexent
Quelle que soit leur origine et leur importance, les taches hyperpigmentaires peuvent devenir gênantes, au point, parfois, d’impacter la qualité de vie. Certaines femmes peuvent par exemple être complexées par la multiplication de taches brunes (dites « de vieillesse ») qui peuvent apparaître sur le dos des mains ou sur les joues. Au point, dans certaines situations, de perdre confiance en elles.
Si les taches sont localisées, il est possible de les camoufler partiellement grâce à des produits cosmétiques. Mais le plus efficace reste assurément de consulter un dermatologue.
Les traitements utilisés pour dépigmenter les taches
Lors de la consultation, le médecin spécialiste pourra en effet s’assurer que les taches gênantes sont bien de simples taches hyperpigmentaires. Il cherchera à en déterminer les causes et pourra en définir la profondeur : sont-elles de surface (épidermiques) ? Ou plus profondes (dermiques). Ces dernières étant un peu plus difficiles à traiter que les premières.
C’est ce diagnostic qui lui permettra de choisir le traitement le plus approprié. En première intention, il pourrait proposer un traitement à base d’agents éclaircissants. Parmi les molécules les plus efficaces et les plus largement utilisées : l’hydroquinone. Réputée pour son efficacité pour dépigmenter la peau, cette molécule est aujourd’hui uniquement proposée dans des formulations prescrites par un médecin, car elle peut être mal tolérée.
Des traitements topiques prescrits par le dermatologue
En complément du traitement topique (généralement une crème qui s’applique directement sur les zones à dépigmenter), il est essentiel de protéger la peau des rayons UVA et UVB ainsi que de la lumière bleue. Cette protection solaire doit être quotidienne et continue afin d’éviter le retour des taches que le traitement aura effacées ou atténuées.
Quand un traitement topique ne suffit pas à éliminer les taches
Si cette thérapie par l’hydroquinone ne se révèle pas suffisamment efficace sur une tache, le dermatologue proposera peut-être un peeling chimique : celui-ci, en fonction des taches, peut être réalisé à la maison grâce à des produits achetés dans le commerce. Ou, pour les taches les plus profondes (les taches dermiques), par un peeling réalisé en cabinet dermatologique.
Autre recours en cas d’échec de cette thérapie : le laser peut être recommandé. Notez que celui-ci est loin d’être proposé systématiquement car on sait que, dans certaines conditions (notamment sur les peaux mates à foncées), les récidives et l’apparition de taches hyperpigmentaires inflammatoires (PIH) sont assez fréquentes.
Il est par ailleurs vivement conseillé d’utiliser un traitement d’entretien lorsque la tache a disparu pour éviter toute récidive, notamment pour les mélasmas.
La voie de WNT, une nouvelle piste dans l’hyperpigmentation
Au-delà de ces traitements, les recherches se sont orientées, ces dernières années, sur la voie de WNT (prononcez WINT). Concrètement, il s’agit de reproduire le mécanisme physiologique responsable de la blancheur de la paume de nos mains et de la plante de nos pieds. En inhibant le récepteur de WNT, on empêche au final l’activation de la tyrosinase, enzyme, nous l’avons vu plus tôt, en grande partie responsable de la synthèse de la mélanine.
L’hyperpigmentation est un problème complexe en dermatologie. Ses mécanismes ne sont pas encore bien connus, et leur activation est liée à des phénomènes variés et parfois impossibles à éviter totalement, tels que les rayons UV. Cependant, des solutions existent pour les atténuer et donc pour éliminer la gêne esthétique qu’elles peuvent occasionner.