Télémédecine : l’avenir de la dermatologie ?

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La dermatologie est une profession qui voit ses effectifs diminuer significativement. En 2017, on dénombrait ainsi 3 410 dermatologues et vénérologues en France, soit une baisse de 10 % en 10 ans. Cette perte entraîne des difficultés d’accès aux soins pour les patients ; une problématique à laquelle tente de répondre l’arrivée de la télémédecine dans le secteur. Mais qu’est-ce que ça implique exactement ? Pourquoi la télédermatologie est-elle une piste à explorer sérieusement ? Explications !

Télédermatologie : de quoi parle-t-on ?

La télémédecine désigne l’exercice de prestations médicales à distance, via le recours aux télécommunications. En dermatologie, elle couvre principalement deux volets définis par l’Association américaine de télémédecine :

  • La téléconsultation, qui désigne les interactions en temps réel entre patients et médecins à distance, via un système de visioconférence. Elle permet d’obtenir l’histoire clinique du patient au même titre qu’une consultation traditionnelle en face-à-face.
  • La téléexpertise. Elle a pour objet l’envoi, par le patient ou par un professionnel, d’informations sur un serveur médical. Ces informations, souvent sous forme de photos, sont destinées à être interprétées par un dermatologue expert, qui établit alors un diagnostic de la pathologie. 

Ces deux pratiques sont complémentaires. Elles ont pour objectif de répondre de façon concrète au principal défi rencontré par la profession à l’heure de la pénurie des dermatologues : l’urgence de l’accès aux soins

Télémédecine en dermatologie : de nombreux avantages

L’examen visuel étant clé en dermatologie, la télémédecine est particulièrement adaptée au secteur. C’est une nouvelle façon de travailler, qui recouvre de nombreux avantages pour les patients : 

  • Elle répond efficacement aux contraintes géographiques actuelles et, comme expliqué précédemment, elle permet ainsi un accès aux soins aux populations isolées vivant dans des milieux où les dermatologues se font rares (milieux ruraux, milieux carcéraux, etc.).
  • Elle facilite la prise en charge des patients difficilement mobiles, notamment les personnes âgées, dans un contexte où l’allongement de l’espérance de vie favorise l’augmentation des pathologies liées au vieillissement.
  • Elle permet de réduire les délais d’attente et le nombre de consultations physiques, en se positionnant comme une première étape rassurante pour le patient et potentiellement suffisante pour trouver un remède à sa pathologie. En 2017, ce délai était en hausse de 23 jours par rapport à 2012 ! 
  • Elle évite les risques liés à une prise en charge trop tardive. À Montluçon par exemple, il faut attendre jusqu’à 9 mois pour obtenir un rendez-vous dermatologique, ce qui peut être fatal pour un patient atteint d’une pathologie grave.  

In fine, la télédermatologie entend pallier une problématique centrale, qui est celle de la diminution considérable du nombre de dermatologues en France. 

Télédermatologie, une pratique qui présente des limites

De là à dire que la télémédecine en dermatologie est une solution miracle, il n’y a qu’un pas. Mais nous n’irons pas jusque là : nous pensons que cette pratique doit être utilisée en complément de l’exercice médical classique. Car si son intérêt n’est plus à prouver, notamment dans certains cas (dépistage de pathologies simples, conseils, suivi de pathologies bien diagnostiquées, etc.), elle présente encore quelques limites. 

Ainsi, la télédermatologie ne permet pas l’aspect tridimensionnel de la consultation, qui facilite la communication directe avec le patient. Elle n’offre pas la possibilité de palper certaines lésions, or le toucher est clé dans le cadre d’un diagnostic en dermatologie. Par ailleurs, cette pratique peut aussi révéler des lacunes d’un point de vue technique : si les photos envoyées au dermatologue sont de mauvaise qualité, le diagnostic peut s’avérer compliqué. Enfin, pour l’heure, il n’y a pas de certitudes quant à la réduction des coûts liés à la télédermatologie.

En définitive, la télémédecine en dermatologie est particulièrement utile pour établir des diagnostics simples et donner de premières pistes thérapeutiques. Elle joue également un rôle dans le soutien psychologique aux patients qui y ont recours. Mais elle ne peut être envisagée comme une solution de remplacement de la médecine traditionnelle, du moins, pas encore ! En outre, il conviendra pour les professionnels de respecter les règles liées à la confidentialité des patients, les télécommunications devant nécessairement rester au service du diagnostic.